mardi 24 avril 2012

Chronique de vladivostok 17 : Premier mai - "fête le pont"


La fête des travailleurs, c’est comme la fête des femmes, c’est une seule fois par an. Mais, alors que la journée des femmes passe très bien dans le cadre de l’entreprise, du genre « tiens aujourd’hui c’est ta fête, je vais t’apporter un café » avec comme sous-entendu « profite en bien,  à partir de demain, ça redevient ton tour de faire le café et pour les 364 prochains jours (365 si l’année est bissextile) », bref si la journée de la femme, c’est un peu comme carnaval, la fête des travailleurs, par contre, ça doit tellement emmerder les patrons que du coup c’est férié ! Comme ça, pas besoin de faire semblant d’être aimable avec les Trrravailleurs.

Fête du travail ou fête des travailleurs ?
Je ne sais pas comment vous ressentez ça, mais pour moi, c’est à peu près le contraire l’un de l’autre. Quand le travail fait la fête, les travailleurs trinquent et quand c’est la fête des travailleurs, c’est qu’ils ne sont pas au travail (si mon patron me lisait….). Donc pourquoi cette confusion ?
Un peu d’histoire.
Je passe rapidement sur la fête du travail créée sous la révolution française par Fabre d’Églantine, l’immortel auteur de « Il pleut, il pleut bergère » et le non moins immortel auteur des noms des jours et des mois du calendrier républicain, qui, si on l’avait conservé, me permettrait de dater cette rubrique du Rossignol 5 Floréal, ce qui a quand même une autre gueule que le mardi 24 avril.
Bref ce monsieur avait fixé une fête du travail au Lauréole 1 Pluviôse (20 janvier) en 1793. Ça ne lui a pas réussi, il fut guillotiné l’année suivante.
Permettez moi ici de rendre hommage avec une minute de silence à nos braves ancêtres qui eurent le bon goût de guillotiner l’inventeur de la fête du travail.

Je passe rapidement sur cette fête (enfin rapidement…) car elle n’a pas grand-chose à voir avec notre fête des travailleurs, celle du premier mai, qui date de la fin du XIXème siècle.

D’abord pourquoi le 1er mai ? Et bien parce que c’est le début de l’année comptable pour la plupart des boîtes américaines à cette époque.
Et là, je vois l’incompréhension dans vos regards, non pas d’inquiétude, c’est juste une image, vous n’êtes pas webcamés, quel rapport entre le début de l’année comptable aux USA et la fête des travailleurs ?
Et bien, en 1884, les syndicats américains décident de mettre la pression sur les entreprises pour avoir la journée de 8 heures, et de débuter leur action au début de l’année comptable, donc juste après les renouvellements de contrats.
Ça tient à peu de chose, heureusement que ça ne tombait pas le premier janvier, ça aurait fait doublon.

Bref quelques années et pas mal de morts plus tard (dont quelques-uns pendus, puis réhabilités, ce qui leur fait une belle jambe), la journée du premier mai devient la fête du travail et devinez qui c’est qui l’a instaurée en France ?
Indice « Maréchal, nous voila, devant toi le sauveur de la Fraaaaaaaaaaaaaance »
Et oui c’est pépé Fifi, d’autant plus content que ça coïncidait avec la St Philippe!
Mine de rien, il s’est lâché, notre bon maréchal, le premier mai, la fête des mères, il avait l’âme festive, on l’aurait laissé faire, on en serait maintenant à la fête des animaux de compagnie, quoi ? Comment ? Ça existe ? Vous êtes sûrs ? Bon et bien on a bien fait de s’en débarrasser avant qu’il ne nous ponde la fête des tasses à café sales.

Curieusement, ce premier mai a été pris en compte par le gouvernement de la libération en 1947, mais sans appellation légale. Et depuis certains (les syndicats) veulent l’appeler Fête des travailleurs et d’autres veulent l’appeler Fête du travail.
C’est ainsi que le premier mai, on fête à la fois le bourreau et le supplicié.
En matière de récupération, citons aussi Papy douze (le Pape Pie XII) qui a fixé au premier mai la Saint Joseph, celui-ci étant le patron des ouvriers.
Et le muguet dans tout ça ?
Au départ, le symbole du premier mai, en tant que journée de revendication, était l’églantine rouge (aucun rapport avec Fabre d’). Mais existait depuis longtemps (Charles IX) la tradition d’offrir du muguet au premier mai, pour symboliser la fête de l’amour (alors là on est vraiment loin de la fête du travail !!!!)
Et c’est encore pépé Fifi qui nous a associé le muguet au premier mai. Et si cette tradition perdure, peut-être, mais seulement peut-être, est-ce dû au fait que la vente de muguet le premier mai est totalement libre de taxe. Alors là, vous avez le droit de me traiter de mesquinerie.

Les dernières polémiques
La fête du "vrai travailleur". Je vais vous donner le mode d’emploi pour reconnaître un vrai travailleur.
§         Il ne demande pas d’augmentation
§         Il vient bosser le week-end quand son patron le lui demande
§         Il ferme sa gueule quand il a autre chose à dire que « Merci patron »
§         Il vote « bien »
§         Il travaille plus pour gagner moins.
Normalement, une cabine téléphonique devrait suffire pour contenir la fête des vrais travailleurs.

PS cela n'engage que la fausse travailleuse que je suis.

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